Les 4 phases du cycle menstruel : comprendre son corps comme un paysage en mouvement

Le cycle menstruel, souvent réduit à une simple suite de règles, est en réalité un voyage cyclique que chaque personne menstruée traverse chaque mois. Il dure en moyenne entre 21 et 35 jours, parfois jusqu’à 42, et commence le premier jour des règles pour se terminer la veille des prochaines. Ce rythme, bien plus qu’une mécanique biologique, est un langage intime que le corps parle à travers les hormones, les sensations, les émotions et les élans.

Pour mieux l’appréhender, on peut le comparer à un paysage naturel en transformation. À travers quatre grandes phases – la terre, l’air, le feu et l’eau – le corps se métamorphose, se régénère, s’élance, s’embrase puis se replie. Apprendre à reconnaître ces moments, c’est apprendre à s’écouter avec plus de bienveillance et à accompagner son énergie plutôt que de la contraindre.

Phase 1 : La grotte régénératrice (terre)

La phase menstruelle est celle où tout commence – ou recommence. Elle marque une période de libération. Lorsque l’ovule n’a pas été fécondé, le corps évacue l’endomètre sous forme de règles. Les niveaux d’œstrogènes et de progestérone chutent brusquement. C’est une descente douce vers l’intérieur, une invitation au repos et au retour à soi.

Pendant cette période qui dure entre 2 et 7 jours, beaucoup ressentent une fatigue profonde, un besoin de calme, voire un repli sur soi. Comme une grotte sombre mais réconfortante, le corps demande du silence. Les douleurs menstruelles peuvent apparaître, rappelant que ce processus, bien que naturel, peut aussi être intense physiquement. Il n’est pas question ici de performance, mais de lâcher-prise.

Phase 2 : La vallée des vents (air)

Vient ensuite la phase folliculaire, un temps de renouveau. Dès le premier jour des règles, même si cela semble paradoxal, le corps se met déjà au travail pour préparer la prochaine ovulation. Les ovaires stimulent la production de follicules, et l’un d’eux deviendra l’ovule du cycle en cours. Sous l’influence des œstrogènes, l’endomètre recommence à s’épaissir, la glaire cervicale devient plus présente, signe que le corps s’ouvre à nouveau à la possibilité de création.

Cette phase, qui peut durer de 7 à 21 jours selon les personnes, est marquée par une montée progressive de l’énergie. On se sent plus légère, plus concentrée, plus tournée vers l’extérieur. C’est souvent une période d’inspiration, propice aux idées nouvelles, à l’organisation, à l’action douce. Le vent souffle, léger mais porteur, et nous pousse à explorer.

Phase 3 : La forêt flamboyante (feu)

L’ovulation est le sommet du cycle, souvent située autour du 14e jour, mais cela peut varier selon les corps. C’est le moment où un ovule mature est libéré dans la trompe utérine. Le taux de LH (hormone lutéinisante) explose, la glaire cervicale devient claire, glissante et abondante, et le corps est à son apogée de fertilité.

Cette phase, bien que brève (24 à 48 heures), est puissamment ressentie. On peut observer une augmentation du désir sexuel, un regain de confiance, une envie de se connecter aux autres. C’est une phase de rayonnement, comme une forêt embrasée aux couleurs chaudes. Le corps est en feu au sens noble du terme : il vit pleinement. C’est le moment de s’affirmer, de créer, de dire oui à ce qui nous appelle.

Phase 4 : Le lac aux multiples visages (eau)

Après l’ovulation débute la phase lutéale, également appelée progestative. Le corps jaune, issu du follicule libéré, sécrète de la progestérone pour préparer l’utérus à une éventuelle grossesse. L’endomètre continue de s’épaissir, se rend accueillant. Si la fécondation n’a pas lieu, les niveaux hormonaux chutent, provoquant le retour des règles.

Cette phase, qui dure en moyenne de 10 à 16 jours, est celle de tous les contrastes. Les fluctuations hormonales peuvent provoquer une sensibilité accrue, des troubles du sommeil, de l’irritabilité ou encore un besoin de solitude. L’image du lac est parfaite : tantôt calme, tantôt agité, ce moment est fait pour l’introspection. On y revient vers l’intérieur, non pas pour fuir, mais pour se recentrer.

Apprendre à reconnaître les signes de l’ovulation

Savoir repérer son ovulation, c’est un acte d’écoute active de son corps. Cette phase centrale du cycle peut se manifester par plusieurs signes : une glaire cervicale claire et filante, une légère douleur dans le bas-ventre, une hausse de la température basale, une tension mammaire ou encore une libido accrue. Ces indicateurs sont des repères utiles, que ce soit pour planifier une grossesse ou simplement mieux se connaître.

Comprendre son ovulation, c’est aussi anticiper les variations émotionnelles et énergétiques qui l’entourent. Ce n’est pas seulement une information médicale, c’est une connaissance intime de soi.

Comment soutenir son cycle au quotidien ?

Vivre avec son cycle, c’est vivre en accord avec ses rythmes internes. Chaque phase demande une écoute différente, une attention particulière.

Pendant la phase menstruelle, offrir à son corps le repos qu’il réclame est essentiel. Cela peut passer par de petits rituels de confort : une boisson chaude, une bouillotte, un plaid. Durant la phase folliculaire, on peut nourrir sa créativité et accueillir les idées nouvelles, relancer ses projets. En phase ovulatoire, l’envie de socialiser, de partager et de s’exprimer prend souvent le dessus. C’est un moment idéal pour se relier aux autres. Enfin, pendant la phase lutéale, il est bon de ralentir, d’accepter les vagues émotionnelles, de privilégier les activités douces et l’introspection.

Soutenir son cycle, c’est aussi valoriser cette réalité dans nos cercles sociaux et familiaux. En parler librement, reconnaître la légitimité de ces besoins cycliques, c’est créer un espace où le corps menstrué peut exister sans être jugé ou effacé.

Conclusion

Le cycle menstruel n’est pas linéaire. Il est vivant, mouvant, profondément humain. En l’apprenant, en l’observant, en l’acceptant, on tisse une relation plus douce à soi. Ce n’est pas un fardeau à cacher, mais une boussole intérieure à apprivoiser.

Autrice: Souad Menif